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Monos (Colombia)
— dès le 04.03.2020 à Genève, Ciné Empire (rue de Carouge 72-74.
Sorteo 3×2 en PuntoLatino.
Dirección: Alejandro Landes, Colombia, 102 min.
Español (Deutch, français, english)
Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes colombiennes, des adolescents, tous armés, sont en réalité chargés de veiller à ce que Doctora, une otage américaine, reste en vie. Mais quand ils tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l’armée régulière se rapproche, l’heure n’est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle…
Français
Un groupe d’adolescents est chargé de garder une otage états-unienne par l’Organisation dans les montagnes colombiennes. Entre jeux de gosses et jeux de guerre, la frontière peut vite être franchie. Avec son deuxième film, Alejandro Landes nous propose une expérience sensorielle intense dans un document brut habité d’une étonnante et paradoxale beauté.
Ils ont été enrôlés par l’Organisation, ils n’ont pas plus de 15 ans, portent des noms de code qui ne reflètent en rien leur véritable personnalité. Leur mission : garder une otage et… une vache laitière, empruntée à des paysans soutenant la guérilla. Ils ont une mission d’adultes, mais ils jouent comme des gamins et des gamines qu’ils sont encore. Leurs jeux les mèneront au drame. D’abord un improbable bunker, au sommet d’une montagne, puis la jungle luxuriante, le décor est aussi un personnage central de Monos, celui qui sera tour à tour un allié, ou un ennemi du groupe. Les cadres précis et travaillés du cameraman Jasper Wolf magnifient la nature qui encerclent les adolescents, plans larges sur les hauteurs, plus serrés et envahissants dans la jungle où le groupe s’est réfugié. La musique de Mica Levi participe, elle aussi, pleinement au film, ajoutant à la dimension fantasmatique du déroulement du récit. Si les citations sont nombreuses, que ce soit Apocalypse Now de Coppola, ou Delivrance de Boorman, Alejandro Landes propose quelque chose d’autre, un document brut sur la désintégration d’une troupe d’adolescents jouant aux hommes (ou aux femmes) – qu’on peut rapprocher de l’imposant Lord of the Flies (1963) de Peter Brook – et perdant pied lorsque les premières difficultés apparaissent. Document brut aussi parce que les jeunes acteurs – non professionnels – sont totalement habités par leurs personnages, exprimant formidablement leur violence et leur fragilité. L’action de Monos semble poursuivre sa propre logique – en fait, celle des enfants –, que Alejandro Landes semble laisser se développer en roue libre, d’où des développements qui prennent souvent le spectateur à contre-pied, où les gardiens deviennent victimes et les victimes bourreaux. La guerre ne laisse jamais indemne.
Martial Knaebel
Deutsch
Acht Jugendliche bewachen an einem entlegenen Winkel im bergigen Dschungel Kolumbiens eine nordamerikanische Geisel und die Milchkuh Shakira. Sie spielen genaugenommen Krieg, und merken erst allmählich, wie ernst das Spiel ist. Alejandro Landes hat die irre Situation zu einem atmosphärisch ungemein dichten, visuell und akustisch intensiven Film gestaltet, mit Darstellenden, die uns in den Sog des Geschehens mitreissen.
Am Anfang sieht alles so harmlos aus. Ein paar Jugendliche spielen auf einer Anhöhe, fernab der Welt. Patagrande, Rambo, Leidi, Sueca, Pitufo, Lobo, Perro und Bum Bum werden sie genannt; das sind Kampfnamen, sie gehören zu einer paramilitärischen Einheit, die Anweisungen erhalten sie von einem Boten. Ihr Auftrag ist einfach: Die Gruppe soll auf die Milchkuh Shakira aufpassen und schauen, dass die US-amerikanische Geisel Doctora nicht abhaut. Wohin sollte sie auch abhauen? Die Frage stellt sich im Lauf des Filmes immer klarer, denn einen Ausweg aus der Situation scheint es im kolumbianischen Dschungel für niemanden so einfach zu geben. Auch nicht für uns als Zuschauende, und dies wiederum ist das Verdienst einer ungemein fesselnden filmischen Arbeit.
Alejandro Landes und Co-Autor Alexis Dos Santos haben mit Monos einen Überlebens-Thriller gestaltet. Elementaren Anteil daran hat Kameramann Jasper Wolf, der die ausweglose Situation in delirierende Bilder fasst, während Javier Farina und Lena Esquenazi auf der Tonspur und mit der Musik von Mica Levi das Ihre beitragen. Inhaltlich geht es um Loyalitäten und kleine Machtkämpfe innerhalb einer Gruppe von Jugendlichen, wie sie sich überall auf der Welt in unterschiedlichen Formen abspielen könnten. Die mitreissende Form, in der Alejandro Landes die Situationen variiert, lässt uns Teil des Ganzen sein, unausweichlich. Man denkt natürlich an grosse Vorbilder wie Deliverance von John Boorman, wo unter zivilen Umständen das Irre in den Alltag eindringt, oder an Coppolas Apocalypse Now, den ultimativen Film zum sinnleeren Kriegswahnsinn. Landes bleibt konsequent bei seinen Kids, die, der Welt entzogen, nach eigenen Gesetzen Freiheit spielen und am Ende selber genauso Gefangene sind wie ihre Geisel. Atemlos, unausweichlich, stark.
Walter Ruggle
Critique / Medienstimmen
«Ein rauschhafter Überlebenskampf zwischen Sturzflut und Moskitoschwarm.» Moviepilot
«Alejandro Landes schuf mit Monos ein spannendes, ästhetisch intensives und allgemeingültiges Gleichnis des Lebens im Krieg.» Hanspeter Stalder, der-andere-film.ch
«Gerade in seiner Abstraktion offenbart Alejandro Landes’ Film etwas über die Bedingungen einer globalen Jugend in einer Welt ohne Morgen. Der Film erforscht die Finsternis der heutigen Welt, deren diverse Kinder in jedem Sinne Soldaten sind, Kindersoldaten, die gegen eine Bedrohung kämpfen, die ebenso abstrakt wie konkret ist.» Philipp Stadelmaier, Filmbulletin
«Dieser überwältigend spannende und tief verrückte Thriller des kolumbianischen Filmemachers Alejandro Landes ist das Beste, was ich in diesem Jahr in Berlin gesehen habe: etwas zwischen Apocalypse Now, Lord of the Flies und El abrazo de la serpiente.» The Guardian
«Erschütterndes Porträt über die Dysfunktion einer jugendlichen Guerillagruppe. Alejandro Landes und Co-Autor Alexis Dos Santos haben einen packenden Überlebens-Thriller gestaltet. So spärlich die Erklärungen für das Geschehen, so drastisch die dargestellten Emotionen.» arttv.ch
«Auch wenn Monos einer dieser wirklich raren Filme ist, die pulsieren, beben, als wären sie lebendig, ein grosses Biest, das auf der Leinwand hervorbricht, randalierend vorüberzieht und die ZuschauerInnen atemlos zurücklässt, darüber rätselnd, was sie da wohl gerade getreten haben mag, so findet er seine Bedeutung doch im Hier und Heute, im Konkreten.» Alexandra Seitz
«Un film captivant, parfois hypnotisant, dans lequel les notions de bien et de mal sont moins évidentes que le désir urgent de rester en vie.» Screen International
«Kino-Fiebertraum mit atemberaubender Bildsprache.» Uncut
«Ein ungezähmtes Biest von einem Film, das furchtlos über die Leinwand jagt. Von der ersten Einstellung ziehen die eindrucksvollen Bilder von Kameramann Jasper Wolf den Zuschauer in seinen Bann.» Cineman
«C’est une expérience viscérale qui suit le parcours de quelques enfants soldats, errant dans la jungle comme hors du temps et hors du monde.» Le Polyester
«Le cinéaste dessine le portrait d’une jeunesse intemporelle qui résonne avec notre présent où la révolte peut être vécue pour sa violence même, au-delà de toute idéologie.» Libération
Alejandro Landes:
«Le film est né de plein de sources différentes. Il y a la brume de guerre particulièrement dense du monde d’aujourd’hui, où les lignes de combat semblent si floues et les alliances changent si rapidement. La longue, très longue guerre civile en Colombie et les peurs profondes qui entourent le processus de paix. Les films de guerre comme Apocalypse Now, mais qui ici seraient racontés par ma génération et d’un pays comme la Colombie. Et puis il y a les choses que vous lisez au lycée comme Sa majesté des mouches de William Golding ou Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, dont le pouvoir allégorique transcende les époques, les conflits ou les pays. Ces deux romans restent dans votre subconscient, comme un totem ou un tatouage. C’est pourquoi l’image la plus emblématique de Sa majesté des mouche, la tête du cochon, figure aussi dans Monos en tant qu’hommage.»