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Dominique Ziegler à propos de Patria Grande: «derrière l’écran de fumée médiatique, les réalités des peuples sont toutes autres»
Patria Grande (Sainte Ungrud des abattoirs)
— Entrevista de Juan Tellez de © PuntoLatino a Dominique Ziegler —
Dominique Ziegler, metteur en scène très connu, créateur d’une dizaine de spectacles dont «N’Dongo revient», «Opération Métastases» ou «Virtual 21», revient avec une pièce de théâtre intitulée “Patria Grande”. L’histoire se développe autour de la situation politique colombienne, plus spécifiquement l’enlèvement de l’ex candidate présidentielle Ingrid Betancourt jusqu’à sa libération. Dans la pièce elle est Ungrud et la Colombie est Calambie.
Dès le début de la pièce M. Ziegler arrive à retenir complètement l’attention du public avec des scènes qui reflètent une dure et crue réalité de ce pays tout en se servant d’un outil clé, l’humour noir, qui fait le mélange parfait pour dénoncer ces situations d’injustice et violence qui y ont lieu.
Non seulement cette pièce peut s’appuyer sur un ensemble d’acteurs de très bonne qualité, mais aussi sur des effets spéciaux sonores et visuels tout à fait remarquables qui permettent au spectateur de rendre plus vives toutes les émotions et de créer une connexion plus profonde.
L’auteur et metteur en scène Dominique Ziegler a concédé une interview à PuntoLatino et a répondu aux questions suivantes:
— Vous avez mis en scène avec beaucoup de succès une situation politique mondialement connue avec un grand sens de l’humour. Quelles sont les clés pour atteindre une telle réussite?
— D.Z.: Pour proposer un spectacle intéressant, drôle et efficace, il faut d’abord se documenter à fond comme un journaliste. J’ai lu les livres et les articles d’Hernando Calvo Ospina, vu les films de Juan Lozano, discuté avec beaucoup de Colombiens de la réalité politique de leur pays. Ce que j’ai appris m’a terrifié. Le cynisme politique de la classe dominante colombienne, mais aussi les manœuvres troubles de leurs alliés étrangers donnaient beaucoup de matière pour créer un spectacle dynamique et riche. Après ce sont les métiers du théâtre qui interviennent: le jeu, la mise en scène, l’éclairage, le son, les costumes. Là, il faut savoir s’entourer d’une équipe très professionnelle comme c’est le cas sur ce spectacle.
— Quel est le message principal que vous voudriez que le public retienne de cette pièce?
— D.Z.: J’aimerais que les gens comprennent que derrière l’écran de fumée médiatique, les réalités des peuples sont toutes autres. Ici nous avons pris exprès la figure la plus médiatisée de Colombie, Ingrid Betancourt, dont l’utilisation a permis aux exploiteurs de tous poils de s’acheter une légitimité. Mais ce sont les massacres des paysans, les paramilitaires, le narco trafic et ses liens avec les politiciens, la CIA, etc… qui nous intéressaient au premier plan. En fait le but de la pièce est que, après avoir rigolé un bon coup, les gens poussent la curiosité plus loin et s’intéressent aux rapports de classe.
— Y a-t-il des projets à l’avenir qui ont aussi une relation avec d’autres événements en Amérique Latine?
— D.Z.: Pour l’instant il n’y pas d’autres projets que celui-ci sur l’Amérique Latine, bien qu’un directeur de théâtre m’ait demandé de réfléchir à une pièce sur Diego Maradona!
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| d. ziegler |