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Dans le domaine […] des produits industriels, les exportations colombiennes et péruviennes entrent, depuis le 01.07.11, sur le marché suisse en franchise totale de droits de douane

— entrevista de PuntoLatino a Mme Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, Secretaria de Estado DFE, por Luis Vélez-Serrano de © PuntoLatino, septembre 2011. Al final publicamos los datos oficiales ofrecidos por la Secretaria de Estado concernientes a exportaciones y exportaciones suizas, asi como a inversiones suizas en cuatro de los principales de América Latina —

— Le TCL entre EFTA (Suisse) et la Colombie d‘une part, et entre Efta (Suisse) et le Pérou, d‘autre part, est entré en vigueur le 01.07.11. Quelles sont les avantages notamment pour la Suisse? et pour la Colombie et le Pérou?

Pour la Suisse, les deux accords de libre-échange (ALE) renforcent ses relations économiques avec ces deux pays. Ils s’inscrivent dans le cadre des excellentes et étroites relations que la Suisse et le Pérou respectivement la Suisse et la Colombie entretiennent déjà de longue date. La Suisse, pays dont l’économie est fortement tributaire des exportations, dont les débouchés sont diversifiées et qui ne fait partie d’aucun grand ensemble comme l’Union européenne (UE), a fait de la conclusion d’ALE l’un des trois piliers de sa politique d’ouverture des marchés et d’amélioration du cadre des échanges économiques internationaux – les deux autres piliers étant l’appartenance à l’OMC et les relations avec l’UE. Les deux ALE améliorent sur une base large les conditions-cadre et la sécurité juridique pour les échanges économiques entre les parties. Ils contribuent ainsi à diversifier et à dynamiser les relations économiques entre nos pays. En ce sens, ces ALE devraient contribuer au développement des secteurs d’exportation des parties et finalement au développement économique durable, cela également au travers d’effets positifs sur l’emploi et le niveau de vie.

Les ALE permettent par ailleurs à la Suisse d’éviter ou d’éliminer les éventuelles discriminations découlant d’accords préférentiels que le Pérou et la Colombie ont conclus ou négocient actuellement avec nos concurrents. Avec ces deux ALE, la Suisse entend ainsi garantir à ses entreprises un accès aux marchés colombien et péruvien au moins équivalent à celui de ses principaux concurrents (comme l’UE, les Etats-Unis et le Japon). De la même manière, grâce à ces deux ALE, le Pérou et la Colombie disposent également d’un accès préférentiel aux marchés de la Suisse et des autres pays de l’AELE similaire à celui d’autres partenaires au bénéfice d’un ALE avec la Suisse et les autres Etats de l’AELE (sur le continent américain notamment le Mexique, le Chili et le Canada, mais aussi l’UE).

— Il y a déjà quelques résultats ou faits ponctuels à signaler?

Compte tenu que les deux accords ne sont en vigueur que seulement depuis deux mois environ, il est encore trop tôt pour esquisser de premiers résultats. Ceci dit, on signalera que dans le domaine par exemple des produits industriels, les exportations colombiennes et péruviennes entrent, depuis le 1er juillet 2011, sur le marché suisse en franchise totale de droits de douane. Pour leur part, le Pérou et la Colombie accordent à la Suisse la franchise de droit de douane pour environ 80% (Pérou) à 86% (Colombie) de leurs lignes tarifaires. Pour les droits restants, le Pérou et la Colombie bénéficient de période transitoire allant de 5 à 10 ans en fonction du degré de sensibilité des produits. Cette asymétrie au profit du Pérou et de la Colombie mérite d’être soulignée car un premier résultat de l’entrée en vigueur des accords est que les entreprises péruviennes et colombiennes sont en mesure de tirer déjà pleinement bénéfice des deux ALE pour ce qui est notamment des produits industriels.

— Il y a de différences entre les accords avec la Colombie et celui avec le Pérou?

Hormis le domaine des services, les deux accords de libre-échange sont de manière générale d’un contenu similaire. On peut néanmoins relever, dans le domaine du commerce des marchandises, quelques différences au niveau des concessions que la Suisse et les autres Etats de l’AELE ont consenti à la Colombie et au Pérou. Ceci tient au fait des spécificités propres à chacun des deux pays et de leurs intérêts commerciaux également différents.

— Le commerce de services a été réglé avec la Colombie. Le même point sera réglé aussi avec le Pérou?

A la différence de l’ALE avec la Colombie, qui contient des dispositions substantielles en matière de commerce des services, celui avec le Pérou ne contient qu’une clause de négociation. Cette clause stipule que les Etats de l’AELE et le Pérou mèneront des négociations sur un chapitre sur le commerce des services une année après l’entrée en vigueur de l’Accord. Il est donc prévu que les Parties vont entamer de telles négociations.

— Quelles sont les caractéristiques principales des accords agricoles bilatéraux entre Efta et Pérou et Efta et Colombie? Ces accords ont une relation avec le TLC ou sont indépendants?

Dans le domaine des marchandises, l’accord de libre-échange couvre le commerce des produits industriels, le poisson et les autres produits de la mer ainsi que les produits agricoles transformés, tandis que les produits agricoles de base font l’objet d’accords agricoles bilatéraux séparés entre chaque pays membre de l’AELE et le partenaire de libre-échange respectif. Ce traitement différencié des produits agricoles de base s’explique entre autre par le fait que les pays membres de l’AELE n’ont pas de politique agricole commune. Ces accords fixent notamment les concessions tarifaires que les parties se sont accordées en fonction de leurs intérêts d’exportation et de leurs politiques agricoles existantes. Les accords agricoles bilatéraux sont juridiquement liés à l’accord de libre-échange: ils sont entrés en vigueur en même temps que l’accord de libre-échange, et ils resteront en vigueur aussi longtemps que ce dernier le sera.

— Il y a déjà des exportations de viande séchée et surtout des fromages?

Indépendamment de la conclusion des accords de libre-échange avec la Colombie et avec le Pérou, la Suisse exportait déjà du fromage vers ces deux pays. Ainsi, par exemple, la Suisse a exporté au Pérou en 2010 du fromage pour environ Fr. 473’000.- et en 2009 pour approximativement Fr. 465’000.-. Les statistiques du commerce extérieur de la Suisse enregistre également de telles exportations à destination de la Colombie au cours de ces mêmes années (2010: pour environ Fr. 38’000.- et en 2009 pour environ Fr. 33’500.-). Comme indiqué précédemment, compte tenu que les deux accords de libre-échange ne sont en vigueur que depuis le 1er juillet 2011, il est prématuré à ce stade pour commenter l’évolution de nos exportations dans ce domaine. En ce qui concerne la viande séchée, notre statistique du commerce ne recense aucune exportation suisse de ce produit à destination du Pérou et de la Colombie au cours des cinq dernières années. A noter encore qu’en ce qui concerne le commerce du fromage, la Suisse bénéficie au titre des deux accords d’un accès aux marchés colombien et péruvien en franchise de droits de douane dans les limites de contingents tarifaires. Il en va de même pour les exportations suisses de viande séchée vers le Pérou, tandis que celles vers la Colombie, qui jouissent au titre de l’ALE de réduction tarifaires, seront totalement exemptes de droits à l’issue d’une période de transition de 10 ans.

— Quelle est la relation des accords de la UE avec les pays latino-américains et notamment avec la Colombie et le Pérou et les accords Efta?

Les Etats de l’AELE négocient leurs accords de libre-échange de manière autonome. Il en va de même pour l’UE. Il n’y donc pas de relations directes en tant que tel entre les ALE que concluent les Etats de l’AELE et ceux que conclue l’UE. Ceci dit, lorsque l’UE dispose déjà d’un accord de libre-échange avec un partenaire avec lequel les Etats de l’AELE sont intéressés à négocier un accord du même genre, ceux-ci en principe s’efforcent d’obtenir des conditions au moins équivalentes à celles que ce partenaire a pu consentir à l’UE.

— Quels sont les pays concurrents de la Suisse en ce qui concerne les exportations vers la Colombie, le Pérou et l‘Amérique Latine en générale?

Les principaux concurrents de la Suisse sur les marchés colombien et péruvien sont avant tout l’Union européenne, les Etats-Unis, le Japon et le Canada du fait que ces pays disposent également d’accords préférentiels avec la Colombie ou le Pérou, voire les deux.

— Auriez-vous l‘amabilité de nous avancer des chiffres concernant les exportations, importations et investissements directs de Suisse en Pérou, Colombia et si possible envers d‘autres pays latino-américains?

Commerce

Les exportations suisses vers le Pérou ont crû substantiellement au cours de la dernière décennie. Sur la base des données de la statistique douanière suisse, la Suisse a exporté pour environ 128 millions de francs en 2010 vers ce pays, soit une augmentation +36% par rapport à l’année précédente, ou une augmentation de +75% comparativement à 2000. Les importations suisses en provenance du Pérou ont également augmenté en 2010 (43 millions de francs), soit une hausse de +5% par rapport à 2009. Depuis 2000, les importations suisses en provenance du Pérou ont même doublé (de 21 millions en 2000 à 43 millions de francs en 2010). S’agissant du commerce avec la Colombie, qui est le quatrième marché d’exportation de la Suisse en Amérique du Sud, on constate également une évolution dans le même sens. Nos exportations vers ce pays sont passées de 164 millions de francs en 2000 à près de 303 millions en 2010. Quant à nos importations, leur volume a presque doublé au cours des dix dernières années (de 79 millions de francs en 2000 à environ 138 millions de francs en 2010). Pour les six premiers mois de 2011, la tendance à la poursuite de la hausse des volumes d’importations et d’exportations de la Suisse à destination ou en provenance de la Colombie et du Pérou s’est dans l’ensemble poursuivie. [Foto: La Señora Ineichen con los redactores de PuntoLatino, Michaël Tuil y Nicolás Schwarz]

Si l’on considère l’Amérique latine dans son ensemble, il ressort que le commerce bilatéral entre la Suisse et cette région a connu de manière générale une forte croissance. De 2003 à 2008, les exportations suisses en Amérique latine on crû de 77% et les importations de 93%. Bien qu’il y ait eu un certain recul en 2009 en raison des effets de la crise économique et financière au plan mondial, le commerce bilatéral entre la Suisse et l’Amérique latine a repris solidement dès 2010. Avec un taux de croissance de +13% en 2010, soit une valeur supérieure à la moyenne suisse (+9%), le commerce bilatéral suisse avec l’Amérique latine est en train de retrouver progressivement un niveau d’avant-crise. Ainsi, par exemple, l’année dernière, les exportations suisses à destination du Mexique ont augmenté de +13.3% (comparativement à 2009) et nos importations en provenance du ce pays de +25% (également par rapport à 2009). On observe également un mouvement similaire avec notamment le Brésil.

A) Exportations / Importations suisses janvier-juin 2011
Exportations suisses vers: Importations suisses en provenance de:
Pérou  CHF 53,9 mio (-4,3%) CHF 26,8 mio (+ 8,4%)
Colombie  CHF 172,4 mio (+19,9%)  CHF 79,6 mio (+25,7%)
Mexique  CHF 663,1 mio (+10%) CHF 276,3 mio (+10,1%)
Brésil CHF 1’127,8 mio (-3,4%) CHF 504,5 mio (+26,9%)
(entre parenthèse = variation en % par rapport à la même période de l’année précédente)


B) Exportations / Importations suisses pour l’année 2010
Exportations suisses vers: Importations suisses en provenance de:
Pérou  CHF 128 mio (+35,1%) CHF 43,5 mio (+6,7%)
Colombie  CHF 303,4 mio (+3,8%) CHF 138,2 mio (+13,9%)
Mexique CHF 1’341,1 mio (+13,3%) CHF 493,3 mio (+25,1%)
Brésil CHF 2’317 mio (+16%)  CHF 849 mio (+29%)
 (entre parenthèse = variation en % par rapport à 2009)

Investissements

A fin 2009, le stock des investissements suisses au Pérou et en Colombie s’élevait à 748 million de francs respectivement à 1,57 milliard de francs. En Amérique latine, c’est le Brésil qui est la principale destination des investissements directs suisses (stock d’investissements d’environ 13 milliards de francs à fin 2009). Le Mexique constitue aussi un pays de destination important des investissements suisses dans la région.

Stock d’investissements directs suisses à fin 2009 dans les pays suivants

– Pérou : CHF 748 mio (+69,2%)
– Colombie: CHF 1’573 mio (+18,7%)
– Mexique: CHF 6’158 mio (+15,2%)
– Brésil: CHF 12’780 mio (+1,5%)

(entre parenthèse = variation en % par rapport à 2008)

¡Muchísimas gracias Señora Ineichen-Fleisch!

Zurich, septembre 2011 — Luis Vélez Serrano de © PuntoLatino

 


Luis Vélez Serrano, es Licenciado en filosofía y letras por las Universidades de Friburgo y Neuchâtel. Tiene un Diploma FH (Maestría) en Ciencias de la Información por la Hochschule für Technik und Wirtschaft de Chur. Ha cursado estudios de Filologia auspiciados por el Consejo Superior de Investigaciones Científicas de Madrid. Fue asistente diplomado de Linguística francesa en la Universidad de Friburgo y director de la colección interdisciplinaria de Editions Universitaires de Fribourg. Tiene algunas publicaciones en semiótica y en linguística. Actualmente es coordinador de PuntoLatino.


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